San Blas
Direction Portobello, où est niché un joli et agréable port de plaisance pour le point de départ d’une belle aventure, une petite croisière de cinq jours à bord d’un voilier pour rejoindre Cartagena, une belle ville Colombienne sur la côte Caraïbe, via les iles San Blas.
On ressort pour la première fois nos sacs de voyage, et nous nous préparons à passer deux semaines sans notre «maison roulante» !!!
Après une première nuit en tente et hamacs dans le village, nous chargeons nos affaires, la nourriture, le diésel et l’eau nécessaire pour survivre à ce trajet d’environ 600 kilomètres dans le vétuste mais néanmoins robuste «Kir», 40 années, notre nouvelle «maison flottante».
Eric, notre capitaine, comme par hasard de Bretagne, ressemblant à tout ce qu’on pourrait s’imaginer du «marin breton», un vrai homme de la mer, qui a quitté la France il y a presque 20 ans, sera donc notre « capi » pour les jours qui viennent. Il nous explique brièvement les règles de base pour vivre dans un bateau et les règles élémentaires de sécurité et de navigation nécessaires. Il nous mènera parfois la vie dure mais cette autre façon de vivre et de voyager nous aura à tous, de magnifiques souvenirs et une trace indélébile.
L’archipel de San Blas et la côte qui la borde sur 230 kilomètres est un territoire d’où émerge environ 400 iles plus ou moins grandes dont certaines désertes sont couvertes seulement de cocotiers et de sable blanc, le tout entouré d’une mer turquoise et translucide, un réel paradis !!!
Les Kuna, le peuple qui l’habite, ont négocié et toléré le passage et la présence des touristes en contrepartie que personne ne s’installe durablement. C’est une région autonome, les Kuna ont leur langage, leur culture, leurs règles et n’ont qu’un minimum de contact avec le gouvernement du Panama, ils ont leur système à eux et régissent de leurs propre lois, se concertent et prennent des décisions en commun. Il y a actuellement 70000 Kuna dont près de la moitié vive sur les différentes iles de l’archipel.
La première partie du voyage dure 12 heures, pour rattraper une ile peuplée d’une vingtaine de personne. Nous faisons cette première étape de nuit, en se relayant toutes les deux heures après un bon diner d’au revoir en présence de Lorenzo, notre ami Belge. La nuit sera calme et tranquille et nous arrivons en fin de matinée à vue de plusieurs iles distantes de quelques centaines de mètres, le tout arrosé d’un soleil rayonnant. On en salive d’avance et savons instinctivement que nous allons passer ici, deux belles journées !!!
Raoul, le chef de l’ile, s’approche de nous aussitôt le voilier au mouillage. Ami de notre capitaine et accompagné de deux femmes, ils réclament et se précipitent sans attendre sur les petites cadeaux qu’on leur à amener du continent, des biscuits secs, des biscottes et des bonbons.
Il repassera dans la journée nous vendre (5$) de magnifiques langoustes fraichement péchées, que Benoit nous cuisinera dans l’après-midi. Les festivités peuvent commencer, nous sommes dans un lieu magique, avec une multitude de choses à faire et à découvrir en dehors et surtout sous l’eau. En effet, le récif de corail se trouve juste de l’autre côté de l’ile, nous plongeons donc tous à l’eau munis de nos masques, palmes et tubas, et nous disparaissons pour plusieurs heures de plongée à travers cet univers sous-marin, pour nager parmi les milliers de poissons et s’émerveiller devant cette « flore aquatique » fantastique et irréel !!! Les heures passent tellement vite que nous prenons tous pour la première fois, un bout coup de chauffe et de cuisants coups de soleil.
En soirée, apéro inévitable avant de partager un nouveau repas et de rester discuter sur la proue du voilier plusieurs heures durant, à observer le ballet d’une magnifique raie tachetée qui danse à la lueur du spot de lumière au sommet du mat. Encore une belle image qui restera gravée !!!
Le jour suivant ressemblera de très près à celuide la veille, puisque nous prenons la décision de ne pas changer d’ile et de profiter encore du fond marin de ce coin de paradis. A la différence qu’aujourd’hui, ce n’est pas une langouste qui se loge dans notre assiette, mais un « King Crab », un crabe géant lui aussi extrait de son habitat naturel les minutes précédentes. Rebelote pour un nouveau festin, on se régale de ce nouveau crustacé atterri dans notre assiette et nous repartons pour une séance exploration en eau turquoise !!!
Le lendemain en début d’après-midi, après une ultime immersion dans notre nouveau jardin, nous levons l’ancre pour la partie la moins plaisante du voyage, les cinquante heures de navigation qui nous séparent du point d’arrivée à Cartagena. Cinquante heures de traversée sans arrêt ni vision terrestre, c’est long, avec toujours ce ballotage et ce cliquetis de moteur ou de vague, ça en devient usant. La vue de la côte nous remet du baume au cœur au matin de la deuxième nuit de traversée, surtout quand Yves nous réveillera tour à tour à l’aube pour profiter du spectacle que nous offre une vingtaine de dauphins qui nous escortent et nous suivent sur quelques miles !!!
Et voilà bientôt Cartagena et ses hauts buildings à l’horizon et qui malgré les heures qui passent depuis son apparition, mettra un temps fou pour nous laisser entrer dans son port où grand nombre de touristes et de voyageurs s’affairent à la préparation d’un proche départ…
